• Alice et moi

Publié le par 67-ciné.gi-2006






Alice et moi



court métrage de Micha Wald





avec :
Vincent Lécuyer, Bella Wajnberg, Gita Spiegel, Martha Mora et Sofia Achaval

durée : 0h19



jeudi 6 avril 2006 à 20h
au cinéma

***


Synopsis
Simon doit conduire sa vieille tante Mala à la mer, en compagnie de Lydia et Colette, deux amies de Mala. Pendant le trajet, Alice, sa petite amie, lui téléphone et ils se disputent. En bonnes grand-mères juives, les trois femmes s'immiscent petit à petit dans l'histoire de Simon ce qui, bien sûr, n'arrange rien à la situation…

***

Entretien avec Micha Wald
Hugues Dorzée : « Comment est né Alice et moi ? »

Micha Wald :
« D'une rupture amoureuse. J'avais besoin de régler mes comptes avec une histoire en bout de course. J'étais dans un moment de réflexion à propos du couple, de ma culture juive, de mon passé… J'avais besoin d'un film pour régler tout ça (et aussi pour aussi me venger, ça fait toujours du bien). Je voulais également faire quelque chose d'ancré dans la réalité d'aujourd'hui. Un film à la fois personnel et universel. »

H. D. : « Pourquoi ces trois femmes juives un peu grincheuses et étouffantes ? »

M. W. : « Parce qu'elles sont proches de moi, de ma propre grand-mère, de toutes les grands-mères juives mais aussi italiennes, marocaines, grecques,... A la fois volubiles et de mauvaise foi, aimantes et omniprésentes, mesquines et touche-à-tout… Elles s'immiscent dans la vie de Simon avec un culot dingue. Elles ont leur mot à dire sur tout : l'argent, les goyim (les non-Juifs), la belle-fille… J'avais envie d'un huis clos sur le fil du rasoir. Quelque chose de prêt à exploser à tout moment. Avec une dimension burlesque en plus. »

H. D. : « Comment s'est déroulé le tournage. Dix jours à quatre dans une voiture au milieu de nulle part : pas simple à gérer ! »

M. W. : « Et comment ! Il fallait coordonner un acteur professionnel : Vincent Lécuyer, une actrice semi-pro : Bella Wajnberg et deux vraies grands-mères juives plutôt âgées (elles ont dépassé les 75 ans) : Gita et Martha ; tout ça en étant sous une bâche dans le coffre ! Dix jours dans la voiture, en permanence sur la route (Bruxelles, le Brabant wallon, les Polders…). Un tournage un peu fou et folklorique à la fois. L'une des deux grands-mères m'a dit un jour, sans rire, : Micha, j'ai survécu aux camps, mais je ne sais pas si je vais survivre à ton film ! . Elle était sans cesse à bout, après huit heures à jouer, quelque part, son propre personnage, d'évoquer Israël, la judaïté, les valeurs familiales… Mais elle a tenu et a fini par trouver l'expérience incroyable. C'était bien courageux de sa part. »

H. D. : « Un tournage qui n'avait pas commencé sous les meilleurs auspices… »

M. W. : « En effet. Je venais de changer de producteur. Nous n'avions pas eu tous les fonds espérés. Et j'ai changé d'actrice principale une semaine avant le tournage ! J'étais vraiment en proie à des doutes immenses. Alors, j'ai décidé de m'amuser, de me faire plaisir, de travailler sans pression, d'oublier tous ces problèmes. »


H. D. : « Des plans longs, une lumière travaillée, du noir et blanc… Pourquoi ce parti pris formel ? »

M. W. : « Je ne voulais pas d'un film qui fasse petite histoire juive, petite blague juive. Je voulais plutôt réaliser un film dépouillé, avec un côté road movie. Que la forme transcende l'histoire juive.
Alice et moi, c'est comme un film muet : une petite boîte fermée, des saynètes qui se succèdent à l'infini, des cartons pour situer le contexte…
»

H. D. : « Revenons à Simon, ton personnage. Un mec tourmenté, en manque d'amour, qui doit faire face à trois « furies ».

M. W. : « Est-il paumé, victime ou cynique ? Sans doute un peu des trois. Il a besoin d'exulter, de régler ses comptes, de dire tout son amour… Face à lui, il a trois grands-mères juives qui parlent aussi avec leurs tripes. Au nom de leurs souffrances passées, elles pensent pouvoir tout dire, tout critiquer, tout envahir… »

H. D. : « La Shoa, le conflit israëlo-palestinien, la politique de Sharon… Entre les lignes, on devine des propos plus que jamais d'actualité. »

M. W. : « Ma famille est originaire de la région frontalière entre la Pologne et l'Ukraine. Avant la guerre, elle avait émigré vers la Belgique. J'ai grandi dans un univers profondément laïque, non traditionnel, bien à gauche…  Ce qui fait que je suis totalement opposé à la politique menée par Sharon. Plutôt qu'une lutte contre le terrorisme, je pense qu'on est face à une guerre d'indépendance sans merci. C'est insoutenable. Je voulais parler de ça dans Alice et moi mais en restant dans la comédie. Simon remet ces dames à leur place. Il veut faire entendre sa voix sans faire de concession. La Shoa apparaît, oui, mais entre les lignes. Pour moi, c'est le mal absolu mais c'est aussi le passé. Et ça devrait rester quelque chose de sanctuarisé dans le passé. Je ne supporte pas l'utilisation, voire l'instrumentalisation actuelle de cet épisode de l'histoire. Ces grands-mères ont souffert mais parfois, elles utilisent cette souffrance avec mauvaise fois. Il ne faut pas tout mélanger. Il n'y a pas de lien direct entre la Shoa et l'occupation de Gaza et de la Cisjordanie ! L'un ne peut justifier l'autre ! Mais je voulais qu'on entende aussi leur voix. Cette voix qu'on entend trop souvent dans la Communauté juive. »


***

Fiche technique
Auteur-réalisateur : Micha Wald
Image : Jean-Paul De Zaeytijd
Son : Olivier Hespel
Scripte : Julie Ghesquière
Montage image : Susana Rossberg
Montage son : Marc Bastien
Mixage : Philippe Baudhuin
Musique : Jarby Mc Coy
Premier assistant réalisation : Fabrice Couchard
Régisseur général : Roger Schins
Producteur délégué : Versus Production, Jacques-Henri Bronckart et Olivier Bronckart
Produit avec l'aide du Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel de la Communauté française de Belgique et des Télédistributeurs wallons

***
 

distribution



présentation réalisée avec l’aimable autorisation de


remerciements
à Nicolas Sacré
logos, textes & photos © www.versusproduction.be

Publié dans PRÉSENTATIONS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article